La menace invisible (2)suite de l’aventure steampunk dimanche 29 septembre 2013 Le lieutenant Apollinarius passa les jumelles au sergent Dostoï. Il essuya du revers de sa manche la sueur qui lui perlait du front, et pris quelques instants pour chasser les rémanences lumineuses qui continuaient à hanter sa cornée. A cette heure du jour, la lumière du désert était si éblouissante qu’ils devaient se relayer à trois pour guetter l’horizon. Les quelques musiciens de la garnison accordaient leurs instruments au fond de la cour pour le bal du soir. Quelques notes, encore confuses et brinquebalantes parvenaient jusqu’à la guérite. De la haut, si près du bout du monde, elles apportaient un ersatz de mélodie, et il prenait aux trois hommes comme une envie de fredonner. Ce soir, à la fin de leur tour de garde, ils auraient quartier libre pour aller au bal, et seraient à juste titre jalousés par les conscrits qui les remplaceraient dans la guérite. Le sergent Dostoï était en train de changer les lentilles aétheroscopiques qui amplifiaient la sensibilité des jumelles. Damnés aéthérites, toujours insaisissables ! Malgré les filtres polarisants qui permettaient de repérer les canards furtifs parmi les pierres plates du désert, il fallait vraiment s’écorcher les yeux pour les voir. Il se dit en maugréant qu’ils feraient mieux d’attaquer une bonne fois pour toutes. Dostoï n’avait pas peur de la mort, par contre il supportait mal l’ennui et l’inaction, ces tours de garde lui étaient un calvaire et ses deux compagnons comprenaient sa bougeotte en ce jour particulier.
« Dostoï, allez donc faire un tour sur le rempart ouest, vérifier les compteurs des turbidomètres » dit le lieutenant Appolinarius. Il sentait que son subalterne avait un besoin pressant de se dégourdir les jambes, et cette inspection supplémentaire n’était pas une brimade, mais bien au contraire une petite concession à l’impatience du sergent. Ils échangèrent un clin d’œil et le sergent fit un discret signe de la main, le chiffre trois, suivi d’une sorte de vague.
Il faut savoir que chez les canards plats du désert, seuls les membres de la famille royale ont le pouvoir de changer de forme. L’histoire que nous contons aujourd’hui débuta bien plus tôt quand le peuple canard décida d’envoyer le fils du roi en mission secrète au fort de Sud liberté, pour ce faire, il dut prendre forme humaine. Pour maintenir cette transformation, le prince a besoin de laque d’orange dont la recette est tenue secrète par les néobédouins. Le sergent Dostoï ayant une dette de jeu vis à vis du fiancé, celui ci l’envoya auprès de la néobédouine Florès remplir sa fiole de laque d’orange. Malheureusement pour lui, le peuple canard n’ayant plus de nouvelles du prince infiltré, décida de lancer l’assaut sur le fort. Le sergent fut la première victime en se faisant aplatir par un canard plat furtif qui faisait un ricochet sur les remparts. P.-S.Cet article est la suite de l’épisode 1 de la menace invisible, modifié selon la proposition que les aéthérites sont des canards plats furtifs ressemblant aux pierres du désert... La suite est encore plus incroyable. |
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