La demande de pardon de l'Église Catholique
La demande de pardon de l'Église Catholique (12/3/2000) est un événement
exceptionnel à plus d'un titre :
- D'abord parce qu'elle est pratiquement la seule institution humaine
à demander pardon. Le pardon n'est pas une valeur fréquemment
rencontrée hors du christianisme. Le pardon est également
oeuvre de vérité.
- Ce n'est pas seulement une demande de pardon mais un pardon qui est
offert.
- Ensuite parce que ce sont les chrétiens d'aujourd'hui qui demandent
pardon pour ceux d'hier. La démarche est libératrice en ce
sens qu'elle permet d'assumer les erreurs d'un passé qui pesaient
lourd pour beaucoup. La démarche est avant tout adressée
à Dieu et elle exprime une confiance en sa miséricorde.
- Enfin parce que cette démarche se veut également un cri
de "Jamais plus!"
- Et surtout parce qu'elle n'est pas simplement un geste symboliquement
posé mais le fruit d'une réflexion théologique portée
pendant tout le pontificat de Jean-Paul II et validé
par le document Mémoire et réconciliation rédigé
par la commission théologique internationale.
Cette démarche s'inscrit évidemment dans le contexte du
jubilé qui exige de chacun une démarche
de pardon.
Pourquoi l'Église demande-t-elle pardon?
Proclamée à l'occasion de la prière universelle
de la messe du 12 mars 2000, la demande de pardon porte sur les points suivants
:
- les péchés des chrétiens en général,
et le manque de conversion.
- les erreurs commises dans le service de la vérité (ex
: inquisition)
- les divisions de l'Église (schismes
; guerres de religion)
- l'antijudaïsme
- le manque de respect des peuples, des cultures ou des autres religions
(ex : les croisades)
- les péchés contre la dignité de la femme ou l'unité
du genre humain
- les manques de respect aux droits fondamentaux
de la personne (l'esclavage condamné en 1839 seulement! ; ne pas
assez dénoncer l'exclusion)
Plus récemment, en mai 2001, le pape Jean-Paul II a
demandé pardon à Dieu lors de son voyage en Grèce
pour le sac de Constantinople par les croisés en
1203 qui reste un souvenir douloureux chez les Orthodoxes
et une des causes de leur animosité envers les Catholiques.
Les fruits :
La démarche de pardon n'a pas forcément été bien comprise des églises
soeurs, en particuliers réformés qui n'ont pas le même rapport à
l'histoire que les catholiques. Il est possible qu'elle porte des fruits de
réconciliation avec les Orthodoxes
mais il est encore trop tôt pour le dire.
Par contre elle semble avoir permis de décrisper les relations avec le
judaïsme, aidé en cela par le voyage de Jean Paul II à Jérusalem, avec le dépôt
de la demande de pardon au mur des lamentations et la cérémonie au mémorial
Yad Vashem où la communauté juive a découvert un pape qui avait sauvé un
juif pendant la guerre.
Les antécédents historiques : Paul
VI demande pardon pour les fautes de l'Église à l'ouverture du
concile Vatican II.
23/05/01