Si le christianisme se définit par la foi en Jésus, Dieu fait homme et sauveur de l'humanité, et si le Christ a lui même prié pour que ses disciples soient uns (évangile de Jean 17, 21), il s'est néanmoins produit de profondes divisions lors de l'histoire chrétienne. Et c'est notre siècle qui voit venir les premiers signes d'une unité, si difficile à imaginer, mais qui se dessine néanmoins autour du point de convergence commun des églises, qui est le Christ. L'œcuménisme ne peut se concevoir sans faire appel à l'espérance chrétienne.
Les principales confessions chrétiennes sont :
Toutes ces églises sont d'accord sur la place essentielle du Christ dans l'histoire du Salut, et sur l'existence d'un Dieu personnel qui soit Père, Fils et Saint-Esprit.
De nombreuses tentatives de rapprochement entre catholiques et orthodoxes furent entreprises (concile de de Lyon, de Florence) mais ils échouèrent. Différentes fractions d'Églises orientales rejoignirent Rome, en conservant leurs rites, leurs traditions, leur liturgie, c'est ce que l'on appelle les différents rites catholiques (le rite romain étant le rite catholique "classique") : les uniates (slaves, grecs et melkites catholiques, chaldéens catholiques, coptes catholiques, arméniens catholiques, syriens catholiques, etc.). Ces fractions d'Églises orientales ralliées à Rome n'ont cessé d'être des ferments de dialogues, mais aussi parfois cause de durcissement des positions. Elles ont enrichi l'Église catholique d'une pluralité de traditions que l'on ignore souvent. Ainsi, ignore-t-on qu'il y a des prêtres catholiques mariés, dans certains rites orientaux justement.
Le pas le plus majeur a été la levée réciproque des excommunications entre le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras en 1965, le concile Vatican II ayant dégagé des voies de dialogue importantes et les personnalités du pape et du patriarche permettant cette démarche.
Pendant longtemps, chaque église ne concevait le rapprochement que sous forme de conversions individuelles ou collectives, ou par le fait que l'autre reconnaisse ses erreurs. Il fallut que d'autres voies s'ouvrent pour que l'oecuménisme naisse.
Le 19ème voit déjà la création d'organisations interconfessionnelles protestantes. Mais c'est véritablement l'obstacle à l'évangélisation du monde causé par les luttes entre églises qui provoqua une prise de conscience et un rassemblement à Edimbourg en 1910 qui abouti à la réunion à Amsterdam en 1948 d'un conseil oecuménique des églises.
L'abbé Portal, associé à l'anglican Lord Hallifax organisa les conversations de Malines (1921-1925) entre anglicans et catholiques, présidées par le cardinal Mercier.
Un bénédictin belge, dom Lambert Beaudouin, fonda un prieuré de l'unité à Chevetogne en 1925 et le père dominicain Dumont fonda à Paris un centre voué au dialogue.
L'abbé Couturier proposa en 1933 une prière pour l'unité qui devint une semaine pour l'unité dès 1935. Il créa aussi le groupe des Dombes avec le Père Villain qui réunit des théologiens de différentes confessions pour travailler en commun sur des thèmes. Même si le groupe des Dombes n'était pas officiel, il publia de nombreux textes résultant de ses travaux.
Le père dominicain Yves Congar publie en 1937 chrétiens désunis qui est une réflexion théologique sur l'œcuménisme qui frayera une voie vers le concile Vatican II.
Jusqu'au pontificat de Jean XXIII (1958-1963) l'Église catholique, majoritaire dans le monde, avait toujours été réticente à l'idée d'œcuménisme. Jean XXIII crée un secrétariat pour l'unité des chrétiens qui préparera les travaux du concile.
Le concile Vatican II (texte Dei Verbum) insiste à nouveau sur l'importance de la parole de Dieu au centre de la prédication et de la théologie (mettant ainsi fin selon certains à des siècles de contre-réforme) et permettant un rapprochement avec les protestants qui reprochaient aux catholiques de mettre la parole de Dieu au second plan. Le décret sur l'œcuménisme ouvre également des voies de rapprochement dans le respect des différences.
Paul VI se rendra au conseil oecuménique des Églises à Genève en 1969. Il prononcera aussi les premières paroles de regret officielles sur les divisions du passé.
Jean Paul II a prolongé cette politique par de nombreuses visites, par son encyclique ut unum sint. Pour la semaine de l'unité des pasteurs viennent prêcher dans les paroisses catholiques et réciproquement. Le temps du jubilé doit également être marqué par des efforts oecuméniques puisque c'est un temps de réconciliation (donc célébrations communes et groupes de réflexion théologique).
Le cheminement ne va pas sans aléas puisque la décision (par exemple) des anglicans d'ordonner des femmes prêtres a provoqué un ralentissement du dialogue catholique-anglican d'autant plus que des paroisses entières passèrent en réaction au catholicisme. Ces aléas doivent nous garder d'imaginer une unité idéale où toutes les traditions fusionneraient mais nous montrer combien elle est un chemin sans cesse à réinventer. L'issue de ce chemin étant de toutes façon le Christ, il est inévitable que les routes des églises convergent, à nous de contribuer à ce que cette convergence se fasse dans le respect de la diversité et des richesses de chacun.
Les cérémonies du jubilé n'ont pas forcément soulevé un grand enthousiasme chez les églises sœurs. Pourtant le souhait de Jean-Paul II a été clairement formulé lors du lancement du jubilé : permettre un rapprochement oecuménique. Tous les espoirs étaient permis, notamment avec la signature d'un accord avec les luthériens sur le salut par la foi en 1999.
La démarche de pardon de l'Église, notamment à l'égard des réformés, par rapport à ses intolérances passées, n'a pas forcément été bien comprise mais plutôt perçue comme un dédouanement. L'avenir dira cependant les fruits de cette démarche. La publication du texte Dominus Jesus par la congrégation pour la doctrine de la foi a jeté un froid certain mais là encore il faut attendre que les passions se refroidissent pour mesurer la portée réelle de ce texte.
La crispation des églises orthodoxes sur leurs propres revendications n'a pas permis de beaucoup faire avancer le dialogue malgré la présence de quelques représentants aux cérémonies jubilaires.
dernière mise à jour : 13 avril 2001