Convoqué par Jean XXIII, ce concile, le 21ème "oecuménique" siégea en quatre sessions du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965 sous les pontificats successifs de Jean XXIII et de Paul VI. Voulu dès le départ comme en aggiornamento, une mise à jour, le concile apporte des idées nouvelles sur la façon de concevoir l'Église et son rapport au monde notamment, de même que sur la liturgie, qui n'ont pas encore fini d'être mises en pratique ; et enfin un retour à la parole de Dieu qui est un chemin d'oecuménisme. Un questionnaire fut envoyé à tous les évêques en 1959 pour leur demander tous les problèmes qu'il leur semblait important d'aborder. Il y eut donc 70 schémas de proposés. Le concile aboutit à 16 constitutions, décrets et déclarations, notamment :
Les pères du concile ont voulu dépasser une description de l'Église fondée sur la hiérarchie pour rentrer dans son mystère. L'Église y est présentée comme le peuple de Dieu, le peuple des croyants. On y insiste sur le rôle des laïcs. Les catholiques sont appelés à collaborer pour le bien du monde avec tous les hommes de bonne volonté. Une large part est aussi consacrée au rôle des évêques et leur co-responsabilité avec le pape envers l'Église universelle (ce qui nuance Vatican I). Le modèle de Marie est enfin rappelé à tous.
Une profonde réflexion sur le mystère de la liturgie et sur sa pratique. Cette réflexion sera suivie après le concile du travail d'un conseil d'experts et d'évêques qui ajouta quelques prières eucharistiques issues d'anciennes traditions, déploya les lectures bibliques dominicales sur un cycle de trois ans, autorisa la communion sous les deux espèces, restaura la concélébration, et surtout autorisa l'emploi des langues locales au lieu du latin pour la célébration de la messe. Les prêtres célèbrent également face à l'assemblée, mais c'est en fait tout la conception de l'assemblée eucharistique (ou messe) qui a évolué : c'est toute l'assemblée qui célèbre et le prêtre qui préside et non le prêtre qui célèbre à la place de tous.
Cette réflexion ouvre maintenant sur une adaptation des rites aux cultures des différents continents dans le respect du rite romain.
Le but de cette constitution est d'instaurer un dialogue entre l'Eglise et le monde de son temps. cette ouverture au monde se fait dans une perspective optimiste (affirmation que l'homme est restauré dans sa liberté et sa force par le Sauveur) mais nullement naïve puisqu'il est aussi rappelé la perte des valeurs de vie des contemporains et certains aspects pervers du monde moderne. L'Église n'a pas reçu de mission politique, économique ou sociale mais une mission religieuse et spirituelle. Elle se met au service des hommes ce qui implique des exigences politiques, économiques et sociales.
La constitution relève cinq problèmes urgents : la famille dont il faut renforcer les liens, la culture à laquelle chacun doit accéder, la vie économique et sociale dont l'homme doit être auteur, la vie politique, le respect des droits des peuples (avec une condammation de la course aux armements).
Il ne s'agit pas de gommer naïvement ce qui sépare les confessions chrétiennes, mais d'apprendre à se connaître et à se découvrir comme frères, trouver des chemins de coopération dans le changement de la société et la lutte contre l'injustice. Parmi les points remarquables, le concile invita des observateurs d'autres confessions chrétiennes non catholiques : orthodoxes, anglicans, vieux-catholiques (voir Vatican I), protestants. L'oecuménisme et un retour vers l'unité étant d'emblée un des objectifs fixés. Le décret sur la liberté religieuse, les passages de Lumen Gentium sur la Révélation complètent aussi ce point de vue. Une des conséquences directes de ce désir d'oecuménisme fut la levée réciproque par le pape Paul VI et le patriarche Athénagoras des excommunications prononcées en 1054 entre catholiques et orthodoxes.
La contre réforme avait peut-être trop mis l'accent sur la Tradition face à l'Ecriture. Cette constitution dogmatique rappelle l'importance de l'Ecriture, et insiste sur le fait qu'on ne peut dissocier Écriture et Tradition. Cela aura notamment des retombées sur la liturgie qui sera organisée afin que les textes essentiels des écritures soient lus sur un cycle de 3 ans.
Permettre l'ouverture d'un dialogue en soulignant ce qui est commun, sans condamner. Toutefois, l'Église a, elle, le devoir d'annoncer le Christ. Pour ce qui est du judaïsme, la déclaration considère le lien fort des chrétiens avec le judaïsme, et déclare que toute condamnation des juifs est autant erronée qu'injuste. Même dans la vision chrétienne, le peuple juif reste le bien aimé de Dieu.
"Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ Chef le devoir et le droit d'être apôtres"
Cette déclaration traite de la liberté et du droit imprescriptible à la liberté religieuse. Le respect de la personne humaine exclut toute espèce d'homicide, génocide, avortement, euthanasie, mutilations, etc... Toute forme de racisme est condamnée, ainsi que les énormes inégalités économiques : l'option préférentielle (mais non exclusive) de l'Église pour les pauvres est réaffirmée.
On le voit, le concile apporte de grands changements dans l'Église, sans
pour autant qu'elle se renie. Il faut signaler qu'un certain nombre de chrétiens
n'ont pas accepté ces changements, donnant lieu notamment au mouvement
lefebvriste (aussi appelé intégrisme) qui refuse de manière
absolue le concile (ledit Mgr Lefebvre étant avec le cardinal Ottaviani
une figure médiatique des quelques votes négatifs du Concile)
en insistant sur quelques aspects comme la liturgie en latin commune à
tous les peuples. Le mouvement tend à s'étioler après
la mort de son leader.