La réforme :

avertissement : nous abordons ce point délicat de l'histoire de l'Église avec circonspection. Si nos frères protestants se sentaient offensés en quelque façon par des propos tenus dans cette page, qu'ils veulent bien nous en faire part pour que nous corrigions si possible, et qu'ils veuillent bien nous pardonner.

Quelle réforme?

Il faut bien comprendre que la réforme a un double sens : réforme dite protestante avec naissance d'une nouvelle conception de la foi et de l'Eglise, et réforme catholique dite contre-réforme avec une réaffirmation doctrinale et un redressement structurel. Le christianisme qui était uni en Europe occidentale va se trouver divisé et les princes vont (re)découvrir combien ils se reposaient sur l'unité religieuse pour construire leur unité nationale. Cela va entraïner des conséquences terribles comme les guerres de religion, mais on verra aussi l'émergence d'une nouvelle conception de l'état.

Les malheurs des temps (dans quelles circonstances le feu a-t-il pris aux poudres?)

Le milieu du XIVème siècle va être la scène d'une succession d'événements plus ou moins dramatiques qui vont profondément affecter la conscience religieuse et la structure de l'Église.

Martin Luther (1483-1546) :

Moine augustin (ordre mendiant) du couvent de Wittenberg en Saxe, Martin Luther fait l'expérience d'une libération intérieure vis à vis de ses angoisses de salut, à la lecture de Saint Paul et de Saint Augustin, et acquiert la conviction que seule la foi peut rendre l'homme juste et le sauver.

"Jusqu'au jour où je compris enfin que la justice de Dieu, c'est celle par laquelle Dieu, dans sa miséricorde et dans sa grâce, nous justifie par la foi." (Préface de Luther)

Cette prise de position publiquement affichée en 1517 lui vaut d'être excommunié en 1521 par le pape Léon X. Ses idées se diffusent en Allemagne et seront encouragées par de nombreux princes : elles coïncident avec la prise de conscience de l'identité nationale. La protestation des princes en 1520 contre un compromis signé par Charles Quint vaudra à ce mouvement le nom de protestantisme.

Sa doctrine est précisée en 1530 dans la confession d'Augsbourg :

Ulrich Zwingli (1484-1531)

Prêtre suisse, marqué par la pensée humaniste d'Érasme. Il se rallie à la doctrine de Luther (sauf en ce qui concerne les sacrements). Prédicateur à la cathédrale de Zurich, il fait de cette ville un bastion de la réforme, soutenu par le Conseil de la Cité. Il condamne toutes les règles religieuses qui n'étaient pas décrites comme telles dans l'Écriture (ex voeux monastiques), ne garde des sacrements que le baptême et la Cène mais encore seulement à titre de symboles d'où une controverse avec Luther qui croit à la présence réelle dans l'eucharistie.

Sa rupture avec l'Église catholique est décisive en 1523. Bientôt le culte catholique est interdit à Zurich. Il essaie d'étendre sa réforme en Suisse, et meurt les armes à la main à Kappel.

Jean Calvin (1509-1564)

Calvin va pousser plus loin les idées de Luther. Pour lui, le salut par la foi postule la prédestination. Le fait de recevoir la parole de Dieu et de suivre ses commandements manifeste qu'on est élu. Il publie en 1536 l'Institution de la religion chrétienne. Calvin s'installe à Genève en 1541 et en fait "la Rome du protestantisme".

La propagation de la réforme

La réforme va se propager dans toute l'Europe avec un plus grand succès au nord que dans les pays latins. Le protestantisme devient religion d'état en suède en 1529, au Danemark en 1536, et le calvinisme va influencer l'anglicanisme sous Elisabeth Ière.

La contre-réforme catholique : le concile de Trente.

Il faut signaler également les tentatives d'ententes qui furent réalisées dans la période qui précéda les guerres de religion : le colloque de Poissy (1561) entre catholiques et calvinistes qui échoua sur la question de l'Eucharistie.

La tradition catholique va entrer dans une période de crispation, pensant sa spiritualité non comme une tradition qui évolue mais comme une réaction aux idées des réformées.

Les guerres de religion :

l'édit de NantesLes princes réalisent qu'ils ont besoin d'une unité de foi pour maintenir la cohésion de leur état. La conquête de cette unité et la non acceptation de la différence vont être un enjeu essentiel des guerres de religion.

Ainsi en France, certains nobles catholiques soutenus par la royauté espagnole vont contraindre par force ou par ruse les derniers des Valois à adopter une politique répressive vis à vis des protestants et même les abominables massacres de la Saint Barthelemy (24 août 1572). La ligue catholique officiellement fondée en 1576 aura même pour ambition inavouée de renverser le Roi. La période 1562-1598 va donc être marquée par des conflits armés entre les deux camps (avec recrutement de mercenaires), entrecoupés d'édits de pacification.

C'est Henri IV qui rétablira la paix civile avec l'Edit de Nantes (illustration ci-dessus).

De la paix religieuse à un oecuménisme :

La conquête de la paix religieuse sera longue et douloureuse et la véritable acceptation de la différence ne se fera qu'après des siècles d'apaisement. La véritable réflexion sur l'oecuménisme ne naîtra qu'au XXème siècle.

Courants issus du protestantisme :

Parmi les différents courants nés du protestantisme, on peut noter des courants radicaux (dits baptistes) et des courants de renouveau (revival), comme les piétistes, les frères moraves, le pentecôtisme.

Les baptistes sont des réformés encore plus radicaux qui entendent vivre à la lettre l'enseignement de l'évangile, ils ne reconnaissent que le baptême des adultes et rebaptisent ceux qui l'ont reçu enfants. Cela leur vaut aussi le nom d'Anabaptistes. Ils seront partout persécutés. Les plus exaltés établiront un régime théocratique à Münster en 1534. Menno Simons (1496-1561), un baptiste hollandais fondera les mennonites. Les églises baptistes sont aujourd'hui la majorité des protestants américains.

Au XIXème siècle deux grands courants se dessinent : les mouvement de renouveau (ou réveil), parfois teintés de millénarisme, et les mouvements libéraux prônant l'adaptation au monde et au rationalisme (Schleiermacher, 1768-1834).

14/2/2001retour index