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"Avant les siècles engendré du père selon la divinité, et, né en ces derniers jours, né pour nous et pour notre salut, de Marie, la Vierge, mère de Dieu, selon l'humanité. Un seul et même Christ Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation." Concile de Chalcédoine, le 22 octobre 451
Oui, Jésus-Christ est vrai Dieu (deuxième
personne de la Trinité, le Verbe) et vrai homme. Ce
sont nos Pères dans la foi qui ont tranché le
débat il y a plus de 1500 ans. Ce n'était pas
évident à croire, ni à définir, ni
à défendre contre ceux qui n'y croyaient pas. Mais
cette vérité est cruciale encore aujourd'hui.
S'il n'était qu'homme,
même inspiré par Dieu, Jésus n'aurait
été qu'un prophète de plus sur une longue liste,
un peu plus brillant en paroles et en miracles. L'annonce qu'il a
faite d'un changement radical du monde n'aurait été
qu'une façon (prophétique) de parler. On peut
même considerer que c'était un mégalo puisqu'il
prétendait pardonner les péchés, reconstruire le
temple en 3 jours, et aussi qu'il existait avant Abraham. S'il
n'était que Dieu (ou ange), ce serait une fameuse tromperie
que de prendre l'apparence humaine sans l'être vraiment, que
d'avoir partagé avec ses disciples des repas dont il n'aurait
nul besoin pour vivre et que de faire semblant de souffrir sur la
croix.
Mais, Jésus-Christ fut bien
vrai Dieu et vrai homme. Même si, pour le Verbe, maître
de l'univers, cela peut représenter un anéantissement
(Philippiens 2, 7-8) que de se faire homme, il a joué le jeu
et jusqu'au bout. Il a vécu notre vie et enduré nos
souffrances. En lui, l'homme et Dieu se sont
trouvés associés ni en un mélange confus
(le Concile dit sans confusion), ni en une
modification de l'un par l'autre (sans changement), ni en une cohabitation difficile (sans
division, ni séparation). Le Verbe a assumé une nature
humaine concrète et plénière, et avec lui toute la
nature humaine. Par lui, la résurrection a touché notre
chair mortelle. Il a vécu dans une exemplaire
obéissance à la volonté de Dieu le Père.
La personne divine qu'on appelle le Verbe s'est approchée de
l'homme de si près qu'elle a du souffrir et mourir dans la
chair comme un vulgaire condamné à mort. Par tout cela,
il nous a rendus participants de la vie divine.
Par cette union,
Jésus-Christ se situe parfaitement entre les hommes et Dieu.
On l'appelle donc médiateur. Ce
n'est pas tant qu'il soit au milieu puisqu'il est l'un et l'autre,
homme et Dieu. Non, il est vraiment le trait d'union, le chemin entre
l'homme et Dieu et on ne va au Père que par lui (Jean 14, 6).
Quel était donc l'enjeu des
hérésies? Pourquoi s'être battu contre cette
vérité que Saint Jean (1, 1-18) et Saint Paul
(Hébreux chap. 1 et 2) annoncent clairement? La première
réponse, c'est qu'on ne peut admettre que Dieu se fasse si
proche de nous en Jésus-Christ, tout en nous respectant
pleinement (Dieu n'a pas "possédé" Jésus). Alors
on essaie de simplifier, gommer, arranger. Les disciples d'Arius
pensaient que le Fils n'était pas Dieu à part
entière, qu'il n'était qu'une sorte de lieutenant de
confiance. Les docètes niaient l'humanité de
Jésus, qui n'était pour eux qu'une simple apparence,
auquel cas, Dieu serait un Dieu transcendant qui ne se mêle pas trop de nos affaires, un Dieu lointain comme celui de la
superstition. Les nestoriens voyaient dans le Christ un voisinage
amiable des deux nature sans lien véritable, une
schizophrénie spirituelle! Les appolinaristes affirmaient que
la personne divine avait remplacé l'âme de Jésus
: la nature humaine du Christ ne serait qu'un corps d'emprunt
finalement!
Ne croyons pas que cette "haute
théologie" ne nous concerne pas. Nous voyons ici combien la
question de la vraie nature du Christ peut bouleverser notre rapport
à Dieu et notre vision de l'homme. Dans la vision des
Pères de l'Église, tout ce qui est assumé par le Christ
est sauvé, il fallait donc qu'il ait une âme humaine
pour que l'âme soit sauvée. Il fallait qu'il soit une
personne à part entière avec deux natures unies mais
non confuses, pour que notre salut ne signifie pas un engloutissement
dans le divin. Et aujourd'hui encore, la notion de personne qui nous
est si chère, nous vient de ces temps reculés où
il a fallu définir la personne du Christ et ses deux natures.
Le Dieu que nous proclamons est le
Dieu qui s'est fait homme pour que nous devenions réellement
semblables à lui. Quand il a proclamé que le Royaume de
Dieu était là, il voulait bien préparer nos cœurs au formidable changement qui s'opérait : l'homme est
capable de Dieu. Et si nous sommes tentés d'avoir des visions
simplificatrices de Dieu (qui pourraient nous arranger), il faut résister à cette tentation parce que c'est un chemin
miné, et que la foi s'y égare. Regardons l'Afrique du
Nord, berceau du christianisme, minée par les doutes sur le
Christ. Le christianisme y a rapidement disparu. Bâtissons notre
espérance sur le roc, c'est à dire Jésus-Christ,
vrai Dieu et vrai homme.
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"Ce n'est pas aux anges qu'il est venu en aide, mais aux hommes, descendants d'Abraham. Ainsi, c'est aux hommes qu'il devait se rendre semblable en tous points" (Hébreux 2, 16-17)