Les pères de l'Eglise

Ce sont eux, choisis et inspirés par l'Esprit de Dieu, qui ont marqué de leur pensée les premiers temps de l'Eglise. La marque qu'ils ont laissée sur la théologie et sur la pensée chrétienne tout simplement est inefable. Ce sont eux les premiers grands commentateurs des écritures, les premiers écrivains chrétiens, les premiers à forger de leur pensée cette catholicité dont nous avons l'héritage. Leur étude constitue de nos jours tout un domaine de la théologie, la patristique. Ne pas confondre pères de l'Eglise et docteurs de l'Eglise.



Irénée de Lyon (150-202)

Irénée de Lyon est quelqu'un de génial. Il n'a peut-être rien inventé en théologie et en écclesiologie (théologie de l'église), mais il a su écrire de façon claire et convaincante dans ces deux domaines. Il a été un bon évêque, soucieux d'unité et a suivi les chrétiens de Lyon dans leur martyre. Il a vaillament défendu l'Eglise contre de dangereuses hérésies. Et surtout il nous a laissé de très beaux textes comme celui du potier ou bien "La Gloire de Dieu, c'est l'homme vivant ; la vie de l'homme, c'est de voir Dieu.".

Né à Smyrne, il a connu l'évêque Polycarpe, lui même disciple de Jean l'évangéliste. Ainsi, il pourra témoigner face aux hérétiques combien son enseignement, en communion avec les autres évêques, descend en droite ligne de la tradition des apôtres.

Contemporain de nombreuses hérésies, il va écrire un livre intitulé "contre les hérésies". Il y montre ce qui caractérise les hérésies : suivre un chef de file, un (faux) docteur qui prêche ses propres convictions. Alors que ce qui caractérise la doctrine de l'eglise, c'est une unité dans la fidélité (dont tous sont garants) à l'enseignement des apôtres. Les évêques ne parlent pas par leur autorité personnelle, mais en vertu de la charge dont ils ont été investis au service de la communauté des chrétiens.

De même que l'unité caractérise l'enseignement des évêques, opposé à celui des sectes, de même le contenu de cet enseignement est unitaire alors que les hérétiques visent à séparer deux populations d'hommes, à séparer le Dieu de l'ancien testament du dieu du nouveau (marcionisme), à séparer l'homme Jésus et le Christ, à séparer la chair et l'esprit dans l'homme.

Le centre de la théologie d'Irénée est la récapitulation de toutes choses en Jésus-Christ. C'est l'homme tout entier qui est assumé par le Verbe. Et le Verbe communique la vie éternelle à la nature humaine.


Tertullien (milieu du IIè s.-222?)

Tertullien est le premier théologien de langue latine.

Il se met entièrement au service de la communauté chrétienne de Carthage pour les tâches de catéchuménat ainsi que comme écrivain plaidant la cause chrétienne devant les païens (c'est un apologiste) et les fidèles.Toute sa pensée se réfère à la bible qui est pour lui la plus grande et la plus concrète des sagesses accessibles en ce monde. Il écrit dans une langue latine riche et imagée à l'image de son tempérament de feu et il prend position sur tous les sujets de son temps, toujours dans une position polémiste et "aggressive" vis à vis du monde païen.

Ses écrits apologétiques sont novateurs en ce qu'ils osent dire que l'Etat n'est pas sacré en soi (conception antique) mais tient son pouvoir de Dieu.

Il a beaucoup écrit sur la place des chrétiens dans le monde païen, d'abord comme apologiste pour montrer que les chrétiens sont d'excellents citoyens, ensuite comme théologien pour montrer la conduite à tenir dans le monde (comme d'éviter les emplois publics qui portent à l'idolatrie en raison du culte de l'empereur).

Contrairement aux autres pères de l'Eglise, il considère la philosophie comme une appropriation intellectuelle du monde qui supplante l'obéissance à la sagesse divine.

Il lutte ardemment contre les hérésies (notamment gnostiques et Marcion) en leur opposant l'Incarnation du Christ, mort sur la croix et la communion des évêques, héritiers des apôtres.

Il succombera lui même à l'hérésie montaniste avant qu'elle soit condamnée par l'Église, attiré par son exaltation apocalyptique, hérésie qu'il finira par quitter pour fonder sa propre secte. Il continuera à défendre la foi chrétienne, notamment l'Unité dans la Trinité contre les monarchiens. Malgré son apostasie, il reste un grand théologien, dont les écrits seront de plus bien conservés.


Origène (185-254)

Origène fut un des premiers Pères à établir un système théologique si élaboré et un grand professeur de théologie biblique dont la renommée devint mondiale à tel point qu'on mit à sa disposition sept copistes chargés de transcrire sa pensée.

Sa théologie fondée sur l'interprétation biblique insiste sur la liberté et la maîtrise de soi du chrétien, liberté fondée sur le Christ. Mais il se laisse influencer par ses maîtres néoplatoniciens (il eut le même professeur que Plotin) au point de froler le gnosticisme. Son principal instrument de travail une transcription de la bible où il mettait face à face sur 6 colonnes des traductions différentes. Ce document servit à Jérôme pour sa traduction latine (la vulgate).

Son oeuvre est immense (et pour la plupart perdue) ainsi son exégèse des 12 premiers chapîtres de l'évangile de Jean tient en 12 volumes dont un consacré aux 5 premiers mots (au commencement était le Verbe).

Il fut exilé d'Alexandrie après un conflit avec son évêque, Démétrius.

Sa dernière oeuvre est une grande apologie écrite pour réfuter les attaques du philosophe païen Celse. Il fut cruellement torturé et physiquement brisé lors de la persécution de Dèce mais on n'osa pas l'exécuter et il mourut quelques années plus tard.


30/6/01