Les persécutions romaines
et les martyrs chrétiens:

pourquoi les persécutions romaines?

La religion romaine n'était pas exclusive et avait englobé bien d'autres mythes (notamment le panthéon grec). Elle consistait plutôt en des rites extérieurs qui étaient percus comme des marques de loyalisme et d'intégration. D'où l'accusation de misanthropes sur les juifs et les chrétiens qui refusaient de faire ces rites. Toute nouvelle religion pouvait être légalement intégrée pourvu qu'elle ne trouble pas l'ordre public et qu'elle ne mette pas en doute la divinisation de l'empereur.

On accusait les chrétiens de prendre leurs distances par rapport à la vie sociale (jeux du cirque, théâtre), de se réunir à l'écart pour prier, de refuser certaines professions, des fonctions publiques et de ne pas prendre part à la défense de la cité. On colportait des rumeurs sur leur compte (anthropophagie, incestes, magie, adoration d'une tête d'ane).

65-68 L'empereur Néron, dans sa folie, fait incendier Rome (64)et en accuse les chrétiens. A cette époque, les chrétiens commencent à être distingués des juifs et sont considérés comme des agitateurs, coupables d'abominations et de misanthropie. Cette persécution conduira à de nombreux martyres au cirque et dans les jardins de Néron. Pierre et Paul seront martyrisés. Deux historiens Tacite et Suétone parlent de superstition nouvelle et malfaisante et de gens detestés par la foule. Ces accusations feront "jurisprudence" pour les persécutions suivantes.

69-96 règne des Flaviens : Vespasien et Titus détruisent Jérusalem en 70, ce qui sonne le glas du christianisme judaïsant. Domitien persécute toutes sortes de dissidents, chrétiens compris (en Asie mineure) mais pas systématiquement.

les Antonins : 98-117 Trajan. Trajan fixera la jurisprudence du pouvoir romain en matière de poursuite des chrétiens. Il informe les procureurs de ne pas rechercher systématiquement les chrétiens mais s'ils sont saisis de les condamner pour ce motif. Hadrien confirmera cette politique. C'est à lui que sont adressées les premières apologies.

161-180 Marc Aurèle, empereur stoïcien. Il a des paroles dures dans ses écrits pour les galiléens dont il ne comprend pas la doctrine. Le peuple accusait les chrétiens de tous les maux mais c'est aussi sous son règne que des intellectuels se lèvent contre le christianisme. Justin et six compagnons sont martyrisés en 165, ainsi que 48 martyrs à Lyon. Son fils commode fait régner la terreur en Afrique (180), en phrygie, à Rome (mort d'Appolonius). Sa concubine serait intervenue en faveur des chrétiens.

193-211 Septime Sévère ne témoigne d'aucune hostilité aux chrétiens jusqu'en 202 date où paraît un édit interdisant le prosélytisme chrétien. En effet, les chrétiens commencent d'une part à pénétrer toutes les couches de la société, d'autres part certaines agitations (comme celles des montanistes qui cherchent le martyre) leur sont attribuées, et ils refusent tout syncrétisme (or l'empereur est entouré de divers autres cultes), le courant apocalyptique est mal perçu dans un empire en crise. Il est donc interdit de se préparer au baptême et de devenir chrétien. La procédure devient "inquisitoriale". En Afrique, c'est la haine populaire qui se déchaine.

Alexandre Sévère (222-235) est plus favorable aux chrétiens, il en a dans son entourage. Il reconnait même des droits aux chrétiens dans un procès pour une affaire de propriété.

Maximin (235-238) persécute les partisans de son prédecesseur assassiné y compris les chrétiens et il s'attache à décapiter les églises locales : à Rome, le pape Pontien et le prêtre Hippolyte sont envoyés aux mines. En cappadoce, on accuse les chrétiens d'un tremblement de terre.

Philippe l'Arabe (244-249) les laisse en paix. Aurait été chrétien en secret? (selon Jérôme).

Dèce (249-260) lance une persécution brève mais très violente parce qu'il veut renforcer la cohésion nationale (bien ébranlée) en exigeant de sacrifier. Il vise à faire des apostats et cherche surtout les chefs de communautés. Les chrétiens cèdent en grand nombre en sacrifiant aux dieux, en se procurant un certificat de bonne conduite païenne (!) ou en livrant les objets de culte. Le pape Fabien est tué, Origène est supplicié mais survit. Le problème des lapsi (ceux qui avait cédé) déclenchera la crise novatienne et la crise donatiste . Le pape Corneille (251-253) décide de réadmettre les lapsi après une longue pénitence ce qui déclenchera une contre église rigoriste à la suite de Novat qui refuse ce laxisme. Ce schisme aura des adeptes jusqu'au début du Vème siècle.

Valérien (253-260) s'en prend à la hierarchie et aux richesses de l'Eglise (sous le conseil de son ministre des finances Macrien qui appartient à un culte égyptien hostile au christianisme). Cyprien de carthage est emprisonné. Beaucoup sont condamnés aux mines. Un second édit l'année suivante (258) condamne à mort les membres de haut rang. Cyprien est décapité, le pape Sixte II est aussi décapité avec quatre diacres. Un évêque est brulé dans l'amphithéatre.

Avec Gallien (260-268) revient la paix. Son successeur Aurélien (270-275) meurt avant d'appliquer son édit de persécution. Suivent neuf années d'anarchie. C'est la petite paix de l'Eglise.

285 Dioclétien est surtout connu pour sa séparation de l'Empire romain en deux parties, l'Orient et l'Occident qui vont s'éloigner l'une de l'autre au fil des siècles.

Si l'empire finit par s'avouer vaincu, c'est par la détermination des martyrs, et la proportion toujours plus grande de chrétiens dans les villes impériales.

Y-a-t-il encore des martyrs?

Le christianisme a connu des martyrs tout au long de son histoire, mais les époques liées à la dynamique chrétienne ont été plus "riches" en martyrs par ce que le message chrétien provoque :

23 mai 2001retour index