Hérésies du moyen-âge :

La richesse de l'Église, sans cesse accrue par le flot des donations, ne va cesser de provoquer des réactions soit de critiques de son autorité (Vaudois), soit simplement politiques comme les disciples d'Arnaud de Brescia à Rome.

D'un autre côté, la montée de l'hérésie cathare va menacer tout l'édifice socio-politique dans le sud de la France. La répression sera à la mesure de la menace.

Les vaudois ou les pauvres de Lyon

Pierre Valdès ou Valdo se convertit en lisant la bible traduite en provençal. Il s'autoproclama prédicateur itinérant, alors que dans l'Église on reçoit une telle mission (par un évêque), on ne se la donne pas à soi même. Son évêque lui interdisant de poursuivre son enseignement, il fit appel au pape qui confirma l'interdiction.

Valdo et ses compagnons refusèrent de se soumettre et furent excommuniés en 1184 par le concile de Vérone en même temps que les cathares. Ils continuent à prêcher dans la clandestinité, se réclamant de la seule autorité de l'Écriture, et dénonçant le clergé. Au piedmont, ils formèrent une nouvelle église sans sacrements ni culte des saints, qui ralliera en partie la réforme, et qui dure encore de nos jours.

Les cathares

Le mouvement hérétique albigeois (que l'on appelle communément Cathare) apparaît dans le sud de la France au début du 12ème siècle. Les cathares se font appeler "pauvres du Christ" car le mouvement naît dans le midi languedocien (région albigeoise) dans une conjonction de richesse scandaleuse de l'Église et de médiocrité du clergé, peu touché par la réforme grégorienne. De tels mouvements sont apparus à différents endroits d'Europe, en Allemagne, en Italie et en France dans les deux siècles précédents, notamment en Bulgarie (le mouvement bogomile à la fin du Xème siècle qui a prospéré à Constantinople) et il n'est pas exclu que de tels mouvements aient été à l'origine de l'hérésie cathare.

Selon leur doctrine (classique chez les gnostiques), deux puissances se disputent le monde : le Bien (lumière et esprit) et le Mal (matière et ténèbres) qui domine le monde. Pour échapper au mal (à travers des réincarnations successives), il faut se libérer du monde par un ascétisme extrême, des jeûnes, la continence sexuelle, l'abstention de chair animale (qu'il faut par ailleurs s'abstenir de tuer en raison de leur croyance en la réincarnation). Les cathares nient évidemment l'incarnation salvatrice du Christ, et ont la croix en horreur. Par contre ils traduisent la bible en langage populaire ce qui est une innovation.

Seule une élite, les Parfaits, peut suivre ce régime, après une cérémonie d'engagement appelée consolamentum. Les autres peuvent mener une vie libre et recevoir le consolamentum à la veille de la mort. La fidélité des Purs tranchait bien évidemment avec le comportement du clergé catholique, et la liberté laissée aux adeptes de recevoir le consolamentum avant de mourir était un argument de poids. Les cathares étaient organisés en contre-Eglise avec diacres, évêques, conciles, missionnaires.

Rejetant l'idée d'un Dieu bon et créateur et d'un salut apporté par le Fils, la religion Cathare pouvait mettre en péril le christianisme. Quand aux pouvoirs politiques, ils voyaient les fondements d'une doctrine mettant en péril le système social (les cathares niaient la validité du serment), ainsi que l'occasion de s'approprier des territoires par une croisade bien menée.

Au XIIème siècle, les prédications et les débats publics sont la seule politique menée contre les Cathares. En 1205, c'est Dominique de Guzman, le futur fondateur de l'ordre prêcheur dominicain qui parcourt la région pour convertir les Cathares par la prédication et par l'exemple de vie évangélique.

Après l'assassinat du légat du pape en 1208, la croisade est lancée. Le chef de la croisade, Simon de Montfort se fait remarquer par sa brutalité (bien que la phrase "tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens" soit une fiction ultérieure). Béziers est passée au fil de l'épée (1209). Toulouse tombe (1213), se soulève (1217). Amaury de Montfort (fils du précédent) fait appel au roi Louis VIII. Le traité de Meaux-Paris (1229) annexera le Languedoc à la couronne de France. Une inquisition languedocienne est mise en route à la demande du pape Grégoire IX.

En 1242, le Comte de Toulouse, Raymond VII; s'allie à des princes étrangers contre le Roi de France. Louis IX réagit et défait la coalition. La fille de Raymond VII se mariera au frère du roi, liant définitivement le Languedoc au royaume. Les dernières places fortes cathares, Montségur et Quéribus, tombent en 1244 et 1255. Les défenseurs préfèrent être brûlés plutôt que d'abjurer.

Pour visiter un site vraiment cathare, et vraiment beau : www.cathares.org

26/2/00retour index