Philosophie et christianisme

Avertissement : l'objectif de traiter des rapports entre philosophie et christianisme est ambitieux, ne serait-ce que parce que l'histoire de la philosophie est une discipline que nous ne maîtrisons pas. Aussi allons nous nous atteler à la tache en besogneux, risquant peut-être de mal comprendre tel philosophe, risquant le contresens. Un des enjeux est de comprendre comment l'histoire des idées s'est associée puis dissociée du christianisme.

Bref résumé de 2000 ans d'histoire :

La philosophie nait en Grèce bien avant le christianisme, avec notamment le platonisme et l'aristotélisme. Les romains inventeront le stoïcisme. Les premiers chrétiens connaîtront le platonisme et le stoïcisme et utiliseront ces pensées pour formuler leur foi. Augustin dira notamment qu'il ne manque au platonisme (à la recherche du Vrai du Beau et du Bien) que l'incarnation des Idées pour être chrétien.

Les concepts de la philosophie se révèleront essentiels pour définir la foi trinitaire chrétienne et notamment la notion de personne comme substance individuelle de nature raisonnable.

Le moyen âge verra la redécouverte d'Aristote et les scolastiques mettront la philosophie d'Aristote au service de la philosophie, permettant de construire un système où foi et raison s'harmonisent. Les universaux (genre, espèces, et différences) permettent de définir l'être et de comprendre par la raison. Mais déjà la querelle sur les universaux menace d'effondrement tout l'édifice de la théologie, et le thomisme se voit opposer un courant platonicien et de l'autre côté un courant aristotélicien ultra-rationaliste qui dissocie foi et raison.

Les philosophes du XVIIème siècle seront mécanistes et tenteront une défense du christianisme selon leur système sans se douter qu'ils préparent sa critique. Ce siècle est aussi le siècle de l'infini mathématique, et de progrès dans la physique qui influenceront grandement la vision du monde. (v. Pascal par exemple)

Les philosophes des lumières concrétiseront le divorce entre la foi "obscurantiste" et la raison.

Hegel croira concilier foi et raison avec sa vision de l'esprit à l'oeuvre dans l'histoire pour le progrès de l'humanité. Il sera de son temps considéré comme le philosophe ultime. Mais c'est parmi les hegeliens que naissent les philophies athées : Feuerbach et Marx.

Au XXème siècle, marxisme et psychanalyse sonnent un moment le glas du christianisme ; tandis qu'apparaissent les premiers philosophes personnalistes, où la pensée chrétienne trouve un espace de liberté. L'existentialisme aussi laisse une place au christianisme.

à compléter 

Le XVIème siècle :

Le mysticisme allemand (Valentin Weigel 1533-1588 ; Jacob Boehme 1575-1624) se pose le problème du mal (l'impie est aussi heureux que le pieux) pour arriver à l'illumination de l'esprit qui découvre comment s'articulent la liberté de l'homme, la volonté libératrice de Dieu sauveur et l'amour qui triomphe de la haine. le mal y est presque un préalable nécessaire à la découverte du bien.

Leibniz (Gottfrief Wilhelm 1646-1716) et la théodicée

Leibniz étudie la philosophie, les mathématiques et la jurisprudence. Lors d'une mission diplomatique à Paris, il fréquente Arnauld et étudie Pascal. En 1676, il invente le calcul différentiel. La pensée du continu en termes d'infiniment petit va profondément marquer toute sa pensée. En 1685, il constitue sa philosophie dont sa doctrine de la substance individuelle (ou monade) est exposée dans le discours de métaphysique. Il s'attaque au problème du mal dans ses Essais de Théodicée (1710).

Mécaniste, il part du démontrable aussi bien en science qu'en morale. Cherchant des lois d'où puisse dériver une variété infinie d'effets, il postule l'existence des monades : toute substance individuelle contient l'infinité de ses états futurs, mais cet infini dépasse la compréhension humaine, seul Dieu peut le voir. La contingence (ou la liberté, ou le hasard) résulte de l'infinie variété des éléments qui régissent un état futur. Dieu a voulu ordonner ces monades pour qu'en tout instant le meilleur soit possible dans une harmonie, dont nous ne percevons pas tout, d'où notre impression de l'imperfection du monde.

Si Dieu a permis le péché de l'homme, c'est parce que dans sa vision, le chemin de la perfection passait par cette liberté mal utilisée. Le problème du mal se résoud donc chez Leibniz par la compréhension d'un projet plus global de Dieu qui mène au bien de chacun. (C'est ce que l'on appelle la théodicée). C'est tout l'opposé d'une pensée calviniste où Dieu décrète à l'avance pour chaque homme son salut ou sa damnation.

"L'âme renferme l'être, la substance, l'un, le même, la cause, la perception, le raisonnement et quantité d'autres notions que les sens ne sauraient donner." Nouveaux essais sur l'entendement humain.

"Tous les sages conviennent que le hasard n'est qu'une chose apparente : c'est l'ignorance des causes qui le fait" Essais de Théodicée.

8/3/98