Le jansénisme
Courant religieux et doctrinal nommé d'après son initiateur,
Jansénius, évêque d'Ypres (mort en 1638). Le jansénisme
a conquis aux XVIIe et XVIIIe siècles de vastes régions de
France, de Belgique, de Hollande, d'Italie et d'Allemagne et a eu de nombreux
partisans célèbres.
Il peut grossièrement se définir par les principes suivants
:
- rigueur morale extrême
- doctrine erronée sur la grâce
- valeur exclusive accordée à l'écriture, aux Pères
de l'Église
- mystique du coeur.
La doctrine du jansénisme sur la grâce a été
vigoureusement condamnée en 1653 (condamnation renouvelée en 1715 dans la bulle papale Unigenitus),
elle comportait notamment la croyance que Jésus est mort pour quelques
élus et qu'une masse nombreuse est prédestinée à
la damnation.
Durant le XVIIIème siècle, sévèrement réprimés,
les jansénistes créent en 1728 un journal clandestin, les
nouvelles ecclésiastiques qui paraît jusqu'à la fin
du siècle. La doctrine janséniste a survécu à
ce jour, notamment dans l'église janséniste d'Utrecht
(Pays-Bas) séparée de Rome.
L'influence du jansénisme en France notamment a eu de profondes
répercutions et il serait intéressant de voir les liens entre
une rigueur morale excessive prêchée au XIXe siècle
(parfois coupée et de la miséricorde et de la loi d'amour
à laquelle la morale doit être reliée) et au début
de ce siècle et la profonde crise religieuse et spirituelle qui traverse
la seconde moitié du XXe siècle.
Personnages célèbres :
- Antoine (le Grand) Arnauld (1612-1694)
Théologien, chef du parti janséniste et exclu à ce
titre de la Sorbonne en 1656, il se retirera à Port royal, puis
s'exilera en Flandres et aux Pays-Bas. On lui doit aussi des textes philosophiques
reconnus comme sa grammaire générale et raisonnée
et sa logique de Port Royal.
- Blaise Pascal (1623-1662) Philosophe, savant et apologiste de
la foi chrétienne. Dans les provinciales, il prend parti
pour les jansénistes contre les jésuites
et prépare une apologie du christianisme qui reste inachevée
: son ouvrage le plus célèbre les pensées où
il cherche une méthode propre à convaincre les libertins.
L'homme est faible mais il aspire à l'infini ("l'homme est
un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant").
Il est un précurseur de l'existentialisme contemporain. Il ne croit
pas aux grands principes qui régissent tout. Il ne cherche pas à
démontrer l'existence de Dieu (contrairement à son contemporain
Descartes), car on ne reçoit la foi que par la grâce mais
il veut démontrer que le christianisme répond seul et complètement
aux besoins de l'homme, qu'il est le seul remède à ses maux.
Mais l'homme cherche plutôt à échapper à ses
maux par le divertissement, et en cela s'éloigne de son salut.
Pascal lui propose un pari : à supposer que le christianisme
ait d'égales chances d'avoir raison ou tort, et à considérer
le gain de la vie éternelle après une vie pieuse, on a tout
à gagner à miser sur le christianisme.
08/03/98