Heurt de deux cultures au sein du christianisme! La pratique du judaïsme étant inconciliable avec la fréquentation des païens (le partage des repas et donc de l'eucharistie était impossible), le conflit devait nécessairement se terminer de façon tragique. La chute de Jérusalem marquera quasiment la fin du judéo-christianisme même s'il reste encore de nos jours des "juifs messianiques" qui croient en Jésus-Christ.
La religion juive elle-même était assez composite. Les palestiniens parlent araméen et lisent la bible (c.a.d. l'ancien testament) en hébreu. Les juifs de la diaspora (dispersion) parlent grec et lisent la bible dans la traduction grecque des "Septante", on les appelle les hellénistes. Il y a aussi les prosélytes qui sont des païens convertis au judaïsme et déjà circoncis (le judaïsme cessera de convertir les païens après la dispersion consécutive à la destruction du temple en 70). Chacun de ces groupes a ses synagogues. Au seuil du judaïsme, on trouve ceux qui "craignent Dieu" mais ne sont pas encore circoncis.
On retrouve ces clivages chez les chrétiens. Les juifs chrétiens pratiquent la prière quotidienne au Temple et le culte sacrificiel. Les apôtres prêchent même dans le Temple. On lit dans les Actes (chapitre 6) que les hellénistes se plaignent d'être négligés des apôtres, d'où le choix de 7 diacres parmi les hellénistes. Hellénistes et judaïsants ne seront pas les cibles des mêmes persécutions.
L'admission des païens dans la foi chrétienne (sans conversion préalable au judaïsme) va cristalliser le problème. On lit dans les actes que les apôtres ont du avoir des visions avant de se décider à admettre des païens dans la communauté. C'était une grave entorse à la loi juive pour qui la fréquentation de gens souillés (notamment à cause d'un non respect des prescriptions alimentaires) entraînait une souillure. Les Actes citent donc l'incident d'Antioche : Paul reprochant à Pierre d'avoir reculé et d'avoir refusé de manger avec les païens sous la pression des judaïsants.
Cet incident reflète également le rôle important de Pierre qui sera probablement un des points de ralliement entre les différents courants et saura trouver le juste milieu capable de rassembler la communauté : les païens n'ont pas besoin d'être circoncis avant d'être baptisés et ils ne sont pas soumis aux prescriptions alimentaires. On voit également Pierre épauler Paul dans sa 2ème épître (2P 3, 15-16).
C'est aux alentours de l'an 60 que juifs et chrétiens cessent d'être confondus aux yeux des romains. Les chrétiens ne sont plus considérés comme faisant partie de la religion officielle juive et seront persécutés suite à l'incendie de Rome.
La chute de Jérusalem et la séparation :
Les guerres juives (révolte des juifs contre les romains suscitée par les Zélotes et réprimée dans le sang) de 66-70 aboutiront à la destruction du Temple (lieu de la Présence pour le judaïsme), Jérusalem sera rasée et les chrétiens palestiniens fuiront pour se disséminer dans les capitales de l'empire. Les chrétiens les plus judaïsants se marginaliseront et deviendront hétérodoxes (ne croyant plus à l'incarnation).
La séparation entre juifs et chrétiens sera consommée au synode pharisien de Samnia (90 ou 100) où le judaïsme se recentre sur la loi et la tradition pharisienne en abandonnant tout prosélytisme. N'ayant plus de temple, les juifs n'auront plus de prêtres et seront guidés par des rabbins, héritiers des docteurs de la Loi. Les hérétiques (Minia), notamment les chrétiens, sont exclus.
L'histoire du judaïsme diverge dorénavant de celle du christianisme, ne pouvant la traiter, nous vous conseillons la lecture du "Que sais-je" qui y est consacré.