L'ordre du Carmel remonte selon la tradition au prophète Élie auquel aurait succédé une lignée
ininterrompue d'ermites
sur le mont Carmel. Il est marqué par une réforme profonde
au XVIème siècle qui en fait un ordre contemplatif et missionnaire,
connu pour ses richesses d'oraison.
Elle entre à vingt ans au Carmel d'Avila, où comme dans les autres maisons de l'Ordre, la règle n'est plus appliquée que de façon mitigée, mais elle s'en satisfait pendant vingt ans. En 1555, elle décide de vivre pleinement sa vocation carmélite. Il s'ensuit une série d'expériences mystiques qui la font rentrer dans le mystère du Christ. Elle devient familière de l'oraison mystique sur laquelle elle écrira des pages qui restent d'une grande fécondité. Elle décide de fonder à Avila un monastère de stricte observance. Elle y parvient en 1562 après avoir surmonté de durs obstacles. En 1567, elle persuade Jean de la Croix d'entamer la même réforme dans le carmel masculin. Les couvents de carmes et de carmélites déchaux se multiplient bientôt. Approuvée par le pape en 1580, la réforme gagnera presque l'ensemble de l'Ordre. Ses oeuvres les plus connues sont le Livre de la vie, le chemin de la perfection, le château intérieur. Elle y décrit le cheminement de la grâce, par l'oraison, en 7 étapes qu'elle appelle les 7 demeures.
"Dieu ne force pas notre volonté, il prend ce que nous Lui donnons. Mais il ne se donne pas complètement tant que nous ne nous sommes pas donnés à Lui de façon absolue. C'est un fait certain." (chemin de la perfection chap XXX)
Juan de Yepès est originaire de Vieille Castille, d'une famille pauvre. Tisserand puis infirmier, il suit des cours chez les jésuites. A 21 ans, il rentre au Carmel. Il préfère bientôt la solitude et la première règle du Carmel et songe à partir chez les Chartreux lorsqu'il rencontre Thérèse d'Avila, réformatrice du Carmel féminin. Il répond à son projet de réforme avec fougue et se retire avec deux compagnons dans une masure mais son ordre va entreprendre une lutte sans merci contre cette réforme. Il est enlevé et enfermé dans un placard. Dans sa prison, il écrit le Cantique spirituel et la nuit obscure qui décrivent l'union de l'homme à Dieu, sous la forme d'un poème et de son commentaire. Après une apparition de la Vierge, il réussit à s'évader et apprend que le pape Grégoire XIII vient d'accorder l'autonomie aux "carmes déchaussés". Il conduit la vie de sa communauté en se dirigeant vers une ouverture toujours plus grande à cette présence aimante de Dieu. A la mort de Thérèse, il assume tout le poids de la réforme et des conflits qui s'ensuivent. Il est dépouillé de toute charge. Pie XI le déclara docteur mystique de l'Église.
Les carmes réformés sont appelés carmes déchaussés.
Edith Stein est la 11ème enfant d'une famille juive orthodoxe et pratiquante. Sa profondeur et son intelligence la font surnommer très tôt par ses frères et soeurs le "livre aux sept sceaux". A l'adolescence, elle perd la foi, mais cherche la vérité dans ses études. Elle rejoint donc le cercle des philosophes phénoménologues. Elle devient notamment amie avec Adolph Reinach.
Sa thèse est interrompue par la première guerre mondiale où elle fait office d'infirmière. Elle y fait l'expérience concrète de la souffrance et de la mort. En 1916, elle obtient son doctorat de philosophie et devient l'assistante de Husserl pour deux ans.
A la mort de son ami Adolph Reinach récemment baptisé, elle est frappée par la force divine présente dans la croix. Elle lit en 1919 les exercices spirituels de Saint Ignace., puis en 1921 la vie de Thérèse d'Avila. Elle s'écrie "Là est la vérité!". Elle se fait baptiser dans le catholicisme, qui est la religion des humbles dans l'Allemagne de 1920. Elle pense déjà au Carmel mais se consacre d'abord à l'enseignement, avec les dominicaines de Spire. Elle mène une vie d'adoration.
Avec la montée du nazisme, elle perçoit vite la possibilité du martyre, en raison de ses origines juives, et rédige ses souvenirs pour souligner la beauté du judaïsme.
12 ans après sa conversion, elle entre au Carmel, parce qu'elle estime que le moment est venu. Elle a le sentiment d'avoir atteint le port. En 1934, elle reçoit l'habit et le nom de Thérèse-Bénédicte de la croix. Elle ressent que le christianisme et le judaïsme s'unissent en elle en une unité rédemptrice qui se concrétisera par la croix.
En 1942, en réponse à la protestation des catholiques et protestants allemands contre les déportations, les nazis raflent tous les prêtres et religieux d'origine juive dont Edith, qui mourra au camp de Birkenau, après y être passé comme un "ange de consolation".
Il nous reste ses écrits, marqués de la force des deux traditions juives et chrétiennes, du sens de la prière et de la vie intérieure, et du rayonnement de la croix.
10/01/00