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La prière

Comment prier ? Que faire ?

dimanche 17 janvier 2016

Commençons par lire un texte fondateur, ou Jésus explique ce qu’est, et ce que n’est pas la prière.

"Adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret, et ton père, qui voit dans le secret, te le rendra."

Dans l’évangile de Matthieu, chapitre 6

Verset 5 : Quand vous priez, ne faites pas comme les hypocrites qui aiment faire leurs prières debout das les synagogues et les carrefours afin d’être vus des hommes. En Vérité, je vous le déclare, ils ont reçu leur récompense. Verset 6 : quant à toi, lorsque tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, verrouille ta porte et adresse ta prière à ton Père qui est là dans le secret, et ton père, qui voit dans le secret, te le rendra. Verset 7 : quand vous priez, ne rabâchez pas vos demandes comme les païens, ils s’imaginent qu’ils peuvent marchander avec mon Père. Verset 8 : Ne les imitez pas, car mon Père sait ce dont vous avez besoin, avant que vous lui demandiez.

La question de la prière est éminemment spirituelle, car tout le monde fait des prières et des demandes. Tout le monde, croyant ou non, fait secrètement des vœux dans son cœur. Espère que ses souhaits seront réalisés, et s’en remet parfois au hasard, à la chance ou à sa bonne étoile. Ce sont des prières très rudimentaires, mais comme Jésus l’explique au verset 7, la prière n’est pas de la magie. On ne prie pas pour demander ce que l’on veut. Quel sens cela aurait-il ? Si Dieu est puissant et omnipotent, il est déjà au courant. Si Dieu est bienveillant, il a déjà veillé à notre bien. C’est ce que nous apprend le verset 8. « Mon Père sait ce dont vous avez besoin ».

Faire du troc ?

J’ai vu des gens négocier, négocier leur allégeance, promettre leur fidélité en échange de la réponse à leur prière. J’ai entendu proposer des choses précieuses pour en obtenir d’autres qui leur sont encore plus chères. Mais si Dieu existe, il n’est certainement pas un épicier qui ferait du troc avec ce dont il dispose en magasin. Si Dieu existe, il est évident que c’est au mieux offensant de lui proposer quelque chose en échange de ses demandes, que de marchander avec lui, que de faire monter les enchères, que de le supplier.

Faire de la magie ?

Bref la prière n’est pas de la magie. On ne demande rien. Et on obtient ce qu’on n’a pas demandé, mais qui est bon pour nous !! D’où la prière, par exemple, de Charles de Foucault : « Mon père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira ». C’est cela prier, c’est s’en remettre à un ami. Quand on invite des amis à diner, ce n’est pas pour leur demander de l’argent, ou de l’aide. C’est avant tout pour passer du temps avec eux, et pour leur témoigner de l’amitié en partageant, du temps, des bonnes choses, de bonnes paroles, en leur confiant des pensées qui nous sont chères, en leur racontant ce qui nous est arrivé d’intéressant. Il en est de même avec Dieu, sauf qu’il sait tout, donc il n’y a rien à dire, il s’agit surtout de partager du temps.

Personne ne m’a jamais expliqué cela quand j’étais jeune, et surtout pas au catéchisme. Ces gens n’avaient pas d’amis avec qui partager ? Ou ils ne partageaient pas de relation amicale avec Dieu ? Quoiqu’il en soit, cela ne semble pas si évident que cela, que la prière est bien autre chose que de rabâcher des phrases toutes faites, ou formuler des demandes. La prière est avant tout une méditation, un temps gratuit, qui fait du bien, un temps de partage, un temps d’abandon, un temps de réconciliation. Et pour cela, il n’y a pas besoin de croire en Dieu, ni surtout d’avoir quelque chose à lui demander.

Un moment très intime

La prière est un moment pour déposer son fardeau, pour s’en remettre à ce qu’on est, à ce qu’on a reçu. C’est un moment de communion, c’est un moment pour s’accepter tel que l’on est. Parce que s’il y a un créateur, et si nous sommes face à ce créateur, c’est en pleine lumière, en pleine acceptation de ce que nous sommes, tels qu’il nous a faits. Nous sommes alors au centre de ce que nous sommes, au cœur de notre être. Il suffit d’être là, et d’ouvrir son cœur.

C’est intime, c’est très intime. « Adresse ta prière dans le secret après avoir verrouillé ta porte. » En fait c’est exactement l’inverse de ce que nous faisons dans cette société de la communication et du selfie. Au lieu de nous exposer à tous, nous nous retrouvons dans le silence. Nous nous retrouvons avec nous même dans un endroit calme et discret.

Qu’est ce que je trouve au fond de moi quand je commence ainsi ? Une coquille vide au mieux. Plus probablement un très grand tumulte : des pensées qui se précipitent, des angoisses, des trucs que j’ai oublié, des trucs dont j’ai envie, des caprices de l’imagination. Mais ce n’est pas grave, je tiens bon. Je reste concentré sur l’intime, sur l’intérieur, sur le silence, sur la simple respiration. Le maître mot est de rester dans un endroit secret, et verrouillé de l’extérieur. Petit à petit, je vais verrouiller, je vais fermet la porte comme au verset 6, jusqu’à me retrouver dans une vraie solitude. Et là, au lieu de la coquille vide, je vais trouver que la solitude est remplie de mon être. Un être ténu, un souffle si fragile que le tumulte de l’extérieur l’étouffait complètement. Jusqu’à ce que j’ai tout verrouillé pour être dans le secret, je n’atteins pas cet être si intime.

Pour aller plus loin

Il reste beaucoup de points qui ne sont pas traités dans ce texte : comment maintenir son attention dans la prière (voir mes textes sur la méditation), comment aller plus loin dans la prière, et surtout comment faire que cette prière soit transformante (voir par exemple la louange, ou le pardon). Mais avant d’aller plus loin, il faut commencer à s’y mettre.

P.-S.

Ce texte fait partie d’une nouvelle série que j’intitulerais "méditations bibliques pour les agnostiques". Tous les textes de cette série sont des médiations autour de textes bibliques, mais sans dogme, et sans même nécessiter de croire en Dieu, juste l’envie de faire une expérience spirituelle.

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