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L’intelligence

L’intelligence est beaucoup plus diverse que nous ne croyons...

dimanche 24 août 2014

Qu’est ce que l’intelligence ? Est-ce vraiment la capacité "scolaire" que nous imaginons le plus souvent à acquérir des connaissances et à les utiliser pour faire de beaux discours ?

Est-ce la capacité à tirer de solides conclusions en enchainant des arguments logiques et imparables ?

Ou est-ce tout simplement la capacité à comprendre le monde, et surtout l’autre que nous rencontrons, dans toutes ses dimensions : intellectuelles, émotionnelles, sociales... bref à vivre en harmonie avec ceux qui nous entourent ?

Quel est le peuple le plus intelligent ? Ne serait-ce pas les américains ?

Voici la question curieuse qui m’a été posée par le propriétaire d’un gite que nous visitions l’année dernière. En se demandant si les américains n’étaient pas le peuple le plus intelligent, il pensait sans doute à la réussite financière et entrepreneuriale et à la façon de la valoriser, puisque c’était le domaine dans lequel lui même avait travaillé.

Il a été surpris par ma réponse : « Je pense qu’il y a de nombreuses formes d’intelligence : érudite pour apprendre et maîtriser le savoir, logique pour articuler la pensée, émotionnelle (ou psychologique) pour comprendre les émotions qui sont notre moteur, relationnelle pour vivre en harmonie avec les autres. »

J’ai ajouté que de mon point de vue tout le monde était intelligent, ceux qui avaient fait des brillantes études comme ceux qui n’en avaient pas fait, mais chacun à sa façon.

Que voit on au juste ?

La curiosité

Il me semble que le premier moteur de l’intelligence analytique, dans quelque domaine que ce soit est la curiosité. C’est à dire la capacité à nous intéresser et à nous poser des questions sur ce qui nous entoure. Sinon, comment comprendre ? L’expérience de la vie nous apprend que rien n’est vraiment ce qu’il paraît au premier abord, et même que beaucoup de choses essentielles ne sont pas visibles.

Changer de perspective...

La curiosité, c’est aussi avoir l’audace de changer de perspective, de se déplacer pour regarder autrement. Vu sous un autre angle, la question est différente, ce que l’on voit est différente. Et on entrevoit que ce que l’on percevait au début n’était qu’une des facettes, pas forcément la plus claire de la vérité.

Changer de perspective, c’est :

  • renoncer à nos préjugés qui nous font interprêter faussement
  • voir par les yeux de quelqu’un d’autre
  • prendre du recul
  • faire abstraction d’éléments de contexte qui faussent l’analyse
  • introduire d’autres informations qui éclairent ce qu’on voit
  • accepter qu’il y a du vrai dans des points de vue contradictoires...

Bref, c’est faire preuve d’initiative ET d’intelligence.

Voit on mieux en changeant de focale ?

L’intuition

Changer de perspective, c’est aussi voir les choses de plus loin, changer la focale pour ne plus voir les détails mais seulement les lignes directices, les mouvements, les évolutions. C’est faire appel à l’intuition qui est une intelligence globale. Cette forme d’intelligence est rarement mise en valeur et pourtant c’est celle des créatifs, des imaginatifs, des chercheurs, des artistes.

C’est une capacité à oublier les détails pour se laisser saisir par un ressenti global, pour voir les lignes, les tendances, les courants. Bien exploitée, et surtout soutenue par la partie logique et analytique de l’intelligence, l’intuition peut être très puissante.

Labyrinthe de miroirs

L’intelligence mal employée

J’ai été frappé cette semaine par un débat sur la page facebook d’un proche. Celle-ci postait l’histoire d’une jeune femme irlandaise, violée et obligée de mener sa grossesse à son terme (certes raccourci par une césarienne) parce que la loi de son pays interdit l’avortement. C’est un sujet grave, et lorsque le lien vers l’article a été posté sur la page, c’était pour partager une indignation, une compassion, une souffrance. Le commentaire de mon proche évoquait les droits des femmes, et par extension les souffrances endurées à cause d’un monde hostile.

Ce post attire l’intérêt d’un autre contact qui est manifestement un militant "pro life" et qui commente “Et le droit des enfants ?” et embraye sur le statut de l’embryon. La question n’est pas illégitime, elle est simplement déplacée par ce qu’elle lance un débat sur la question grave de l’avortement, en prenant une position déjà difficilement défendable dans la société française aujourd’hui, mais encore plus délicate vu le sujet de départ.

Les arguments de cet internaute étaient froids, logiques [1], et il citait d’autres textes comme référence. Comme dans un pur débat universitaire [2]

Cela a évidemment déclenché un débat passionné où chacun campait sur ses positions. Il y a même eu le témoignage émouvant d’une autre internaute qui a vécu le viol et l’avortement. A aucun moment notre défenseur de la vie n’est rentré dans la dimension de compassion ou d’intelligence émotionnelle, il restait dans sa logique.

Cela me semble l’exemple type d’une intelligence mal employée. D’autres ressources de l’intelligence étaient nécessaires dans cette discussion : intelligence émotionnelle, écoute, compassion. Quand bien même ce défenseur de la vie aurait eu un QI de 200, il n’aurait convaincu personne, au contraire il a heurté les sentiments de beaucoup et il est passé pour un fanatique insensible. Sa conclusion ? “Je constate que le débat est biaisé”. Eh non, mon ami, personne n’avait sollicité de débat, personne ne souhaitait débattre et ce n’était pas un sujet à débat. Tout simplement.

à suivre...

Pour aller plus loin :

P.-S.

Cet article fait partie d’une série sur mon blog destinée à former une réflexion quotidienne qui constituera un dictionnaire pragmatique et inconstant du mieux vivre entre humains. Vous souhaitez les retrouver retravaillés sous forme de livre, il vient de paraître, rendez vous sur le site de l’éditeur.

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Notes

[1] au moins sa logique à lui, souvent contestable

[2] sauf que les références étaient datées ou à côté de la plaque