Charles de Foucauld (1858-1916)

Charles de Foucauld est né dans une famille riche et de haute noblesse. Il perdit son père tôt d'une maladie mentale incurable et sa mère de dépression. Élevé par ses grands parents dans le silence autour de ces événements tragiques, il ne put faire son deuil et développa probablement une "névrose" qui le poussa à la paresse et à la boulimie. Obèse à son entrée à Saint-Cyr, il ne pense qu'à faire la fête. Il mettra son immense fortune en péril au point qu'elle soit confiée à une tutelle. Bien qu'élevé dans la foi chrétienne et très marqué par la foi de sa cousine, il est athée et cynique. Mais trois coups de foudre vont changer sa vie...

D'abord les déserts du Maroc où il est envoyé en garnison. Il monte un projet fou d'exploration déguisé en un misérable rabbin itinérant (1883-1884). Aventure fabuleuse (20000 km parcourus à pied au milieu de mille dangers) qui lui vaudra un prix académique pour une description géographique de régions où les français ne peuvent s'aventurer. Deuxième coup de foudre pour une pieuse jeune femme avec laquelle il construit un projet de vie. Parti la présenter à sa famille, il réalise qu'il ne peut se marier avec une roturière, ni imaginer que ses enfants n'aient pas 100% de sang noble. Rupture mais elle priera pour sa conversion toute sa vie. Désemparé, il part dans le désert où il se rend alors compte qu'il n'est pas seul! Il se décide donc à mieux connaître ce Dieu dont il vient de découvrir la présence aimante et va voir le directeur spirituel de sa cousine. Confession (longue), réconciliation (fulgurante) et eucharistie où il "goûte" la présence réelle (1886). Dès lors, il chemine, paisiblement, avec maintenant au centre de sa vie l'amour du Christ et sa présence eucharistique. Désir de pauvreté absolue qui le conduit à la Trappe (1890), puis ermite à Nazareth car la Trappe n'était pas assez pauvre pour lui! Longues années d'ermitage à Nazareth, à côté du couvent des clarisses, rythmées par l'adoration, l'oraison et la méditation des écritures. Discernement très long sur sa vocation aussi. Il a un profond désir d'abandon à la volonté de Dieu mais ne sait pas toujours la distinguer malgré son union très profonde au Christ. Peu à peu son amour exclusif du Christ sera habité également par un amour de ses frères. Il mettra des années à réaliser qu'il est appelé à être prêtre (1901), et au milieu des incroyants (1905). Il sera donc envoyé chez les Touarègues en plein Sahara, à Tamanrasset, sans aucune chance de les convertir. Abandon total. Au point qu'il ne peut dire la messe que si un chrétien l'assiste, c'est à dire seulement quelques jours par an quand des soldats passent. Il recueille les pauvres, les malades, rachète les esclaves avec l'argent qui doit lui servir à se nourrir. Pour tout dire, il ne mange ni ne dort presque pas! Il est le confident du roi des Touarègues et jouera un grand rôle pour la paix dans le Sahara. Il écrit un dictionnaire français-touareg et traduit leurs poèmes. Missionnaire atypique, il comprend qu'il ne sert à rien de baptiser les incroyants sans tout d'abord les inculturer dans l'esprit évangélique. Il aura toujours vécu ses grandes épreuves dans un grand abandon (d'où la prière que nous connaissons tous!) et un amour incessant du Christ. Son désir du martyre dans la souffrance ne sera pas exaucé puisqu'il sera assassiné à la sauvette par des brigands. Si sa sainteté ne fait pas de doute, sa canonisation semble problématique à cause de nombreuses extravagances du personnage (procès de béatification commencé en 1926).

Prière d'abandon

Mon Père, je m'abandonne à toi, fais de moi ce qu'il Te plaira.
Quoique Tu fasses de moi, je te remercie.
Je suis prêt à tout, j'accepte tout,
Pourvu que Ta Volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures.
Je ne désire rien d'autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne mon Dieu, avec tout l'amour de mon coeur,
Parce que je t'aime et que ce m'est un besoin d'amour
De me donner, de me remettre entre Tes mains,
Sans mesure, avec une infinie confiance.<
car Tu es mon Père.