Église et Totalitarisme

Pie XÉglise et Totalitarisme, un bras de fer dans les années 1930-1940. Un bras de fer qui fera beaucoup de martyrs car les chrétiens qui se sont prononcés contre le nazisme et le fascisme l'ont fait au péril de leur vie. Un bras de fer qui mettra en péril l'intégrité de l'Église, car à vouloir rester dans la sphère diplomatique le pape Pie XII n'est pas (ou peu) intervenu en faveur des persécutés.

Pie XI (1922-39)Pie XI, dans un premier temps, se montre conciliant avec le fascisme italien (accords du Latran où il reconnaît l'état italien et où l'Italie reconnaît la souveraineté du Saint-siège sur l'état du Vatican) mais il en vient rapidement à dénoncer le fascisme comme une idolâtrie (encyclique non abbiamo bisogno, 1931). Il en est de même avec le nazisme avec lequel il essaie d'être dans un premier temps conciliant (il signe un concordat avec l'Allemagne) mais il finit par dénoncer fermement le nazisme et son idéologie raciste (encyclique mit brenneder sorge, 1937). Le communisme qu'il traite de fléau satanique (encyclique divini redemptoris, 1937) est depuis le début l'ennemi numéro 1 et c'est probablement la peur du communisme qui l'a amené à traiter dans un premier temps avec les fascismes.

"Quiconque prend la race, ou le peuple, ou l'état, et les divinise par un culte idolâtrique, celui là renverse l'ordre des choses voulu par Dieu". (Mit brenneder Sorge)

L'Église n'arrive pas à se situer par rapport au franquisme en Espagne puisque les républicains ont assassiné des prêtres et des religieux et que le franquisme se pose en défenseur du catholicisme.

Au moment de sa mort, Pie XI travaillait sur une encyclique dénonçant fermement les politiques raciales des nazis, qui ne fut pas poursuivie par Pie XII. Il fut reconnu comme un adversaire de l'antisémitisme.

Pie XIIPie XII (1939-58) semble manquer de poigne face au drame qui s'abat sur l'Europe. Son souci de diplomatie et peut être de protéger ses ouailles (le Reich considère l'Église allemande comme un adversaire et il craint à juste titre une persécution contre les catholiques allemands) l'empêche de dénoncer explicitement le massacre des juifs par les nazis. Il était pourtant au courant des persécutions dès l'invasion de la Pologne. Son discours de Noël 1942 concernant le devoir des états et nations à se mettre au service de la personne humaine cite "les centaines de milliers de personne qui, sans aucune faute de leur part, et parfois uniquement pour des raisons de nationalités ou de race sont destinées à la mort ou à une extinction progressive" ce qui lui vaut les plus véhémentes protestations de dignitaires ou d'ambassadeurs nazis. Lors de la rafle des juifs de Rome en octobre 1943, son intervention permettra de sauver quelques milliers de juifs. 

Il est certain qu'il reste à cette époque dans le catholicisme un sentiment diffus d'anti-judaïsme, au moins l'idée latente que les juifs vivent des souffrances à cause de leur rejet du Christ. De ce fait les évêques allemands vont prendre la défense des handicapés face aux nazis, mais pas des juifs. Seuls les évêques hollandais ont le courage de publier un document pastoral dénonçant l'assassinat des juifs.

Pie XII est par contre très lucide sur les risques que court l'Europe de l'Est si elle est conquise par les communistes et en avertit les alliés à plusieurs reprises.

le 27/2/02.